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Line et Nicè

Line et Nicè étaient nés pour se rencontrer

Mais bien sûr, ni l’un ni l’autre ne le savaient.

Au temps des conquêtes de Rome où Nicè vivait,

La grecque Line l’eut plutôt haï, affronté.

L’ardeur au travail l’occupait à la vigne

Donnant à son corps la vigueur de ses lignes.

Sa beauté rayonnante, attraction masculine,

Les refusait tous d’une sauvagerie féline.

Nicè suivait la voie tracée de son enfance

L’armée pour voyager, le cœur plein d’espérance.

Il cherchait sans savoir à combler la vacance

D’une vie sans amour, sans transport et sans transe.

La colonne s’arrêta, assommée par le ciel,

Prendre le raisin à la vigne et goûter le miel

De cette Grèce qui ne lui inspirait que le fiel :

Romain conquérant, il se croyait éternel.

Sa vision mut son cœur qui voulut se débattre,

Mais son être criait méfiance et voulait combattre.

L’homme, l’uniforme, l’invasion, un avenir noirâtre

Son histoire des hommes l’avait laissée opiniâtre.

Fier, donc aveugle, Nicè ne vit pas Line d’abord,

La Grèce n’était pour lui que dû soumis et or.

Mais grecs et romains, les dieux veillaient à leur sort,

A eux deux, ils avaient à confier un trésor.

Pour que leur rencontre prenne corps, ils interfèrent.

L’éclair, le feu du ciel, matière de l’univers,

La main de Zeus, l’ordre impérieux de Jupiter :

Une pluie venue des étoiles va ouvrir la terre.

De la lumière fracassante jaillit le chaos,

Du silence née des collines désertées

Eros apparaît sous les traits calmes d’un berger.

Neuf muses aimantes, bienveillantes, composent son troupeau.

Elles lui inspirent ces mots, l’objet de sa mission.

Elles invoquent le phénix et le feu dévorant

Pour prendre à l’éther sa pureté, sa perfection,

Et renaître à l’énigme, sur ces vers s’envolant :

Il apparaîtra à vos yeux émerveillés

Une cité radieuse où personne n’a pénétré

Ouvrez vos cœurs et vos âmes pour qu’en guise de clé

Vous appreniez de quoi votre avenir sera fait

A peine eut-il fini, le berger repartit

Laissant les deux êtres, perplexes ; unis dans l’énigme

Ils s’envisagèrent alors dans ce paradigme,

Loin d’une cité, orphelins de deux pays.

Soulagés du poids de leur naissance, de la peur,

Ils se regardèrent alors pour la première fois.

Il vit une femme aux yeux de braise mue par la foi

Elle vit la sérénité de ce grand voyageur.

Leurs visages exprimèrent une curiosité lente

Comme un ballet intime, un battement de cils

Une onde sur la joue, des lèvres closes, prudentes.

Leurs yeux brillèrent, muets, l’essentiel était dit.

Les mots du berger résonnent, il faut du temps

Pour comprendre de l’autre qu’ils ont tout à apprendre.

Décidés par l’évidence, ils marchent dans l’instant

Pour conquérir en eux cette cité où se rendre.

Les deux êtres que les dieux avaient fait s’aimer

Etaient devenus maintenant leurs messagers.

L’amour était né sur Terre pour l’humanité

De deux destins, fruits de plusieurs éternités.

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