Le Pas Ernadant
Ça pourrait être un pas de danse. J'imagine la danse d'Ernadant, des couples tournoyant ensemble dans une grande et souple boucle, au pas énergique et si particulier.
Mais le Pas Ernadant est un lieu, un pas au sens d'un passage, à la fois au creux et au sommet des montagnes, un lieu qui permet de les traverser. Ce pas-là est au delà de Corrençon dans le Vercors, on l'atteint en partant du golf quelques 680 mètres plus bas. Une boucle de 14 kms aller et retour, 4h30 à la lisière de la réserve naturelle du Vercors, là où l'activité des hommes s'arrête et où le seul bruit que j'entends, c'est mon souffle.
Et je souffle. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens un besoin irrépressible de marcher vite, très vite, ce n'est pas moi qui guide, c'est ce pas qui m'attire. Le lieu est magique : au delà de la lumière d'Automne qui dore tout, des chemins de calcaire, des bouleaux et des pins qui se mélangent, il y a une énergie intense qui m'appelle.
Nataly est restée au Grand Clot, la dernière étape avant le Pas Ernadant et je suis monté seul. Là-haut, un spectacle à 360° m'accueille : les lignes de crêtes vers le couchant qui dessinent un décor en ombres chinoises, à l'est une vue plongeante sur l'autre vallée et les sommets enneigés des Alpes, et juste au dessus de moi un chamois du Vercors.
Le chercheur en joie que je suis s'est rempli ce jour-là d'une énergie intense. Mais ce n'est pas moi qui ai trouvé cette énergie, c'est elle qui m'a appelé. Alors finalement, le Pas Ernadant est peut-être bel et bien une danse. Un pas où l'on se cherche et où dans lequel on s'enivre de quelque chose plus grand que nous.
Je vous souhaite à tous de bien danser.
