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Dresden

Une ville en changement, entre la nouvelle occidentale et l’ancienne du rideau de fer. Le contraste est violent, et s’exprime dans son architecture, au cœur de la vieille ville. L’ancienne église qui a dû être la fierté des habitants de la ville est en pleine rénovation. Sa pierre impeccablement blanche jure avec les autres monuments historiques restés noirs et sans soin pendant des décennies de pollution et de désintérêt communiste.

Or, aujourd’hui semble être un jour particulier. Au dessus du dôme absent de l’ancienne église flottent les bras de deux immenses grues, sans but apparent. Je flâne à une terrasse ensoleillée au bord de l’Elbe, et je vois s’amasser des gens, des touristes, sur le pont. Ce n’est que lorsque je me lève et quitte la terrasse où je m’étais attablé, que j’aperçois en contrebas des centaines de têtes amassées, comme faisant la queue. Intrigué, je m’approche et me rends compte que toute la rue est pleine de gens qui attendent. Quoi ?

J’avance encore et remonte la rue principale et piétonne en direction de la gare, à 15 mn de marche de là, où m’attend un train que je ne peux pas rater. Forçant l’allure, je tombe alors sur un autre attroupement, plus grand encore. Ma curiosité définitivement piquée, je tente de comprendre. Je regarde donc avec plus d’attention les visages patients, eux-mêmes attentifs : ils regardent tous dans la même direction. Mes yeux se joignent immédiatement à ce mouvement d’ensemble, et tombent sur la cime de cette fameuse église en pleine restauration.

A ce moment précis, un orchestre invisible entonne un air puissant et solennel, aux sonorités officielles. C’est en regardant dans la direction de la musique que je vois pour la première fois les caméras, et autres installations nécessaires à une couverture médiatique d’envergure. Les pièces du puzzle s’assemblent dans ma tête : je suis en train d’assister à la dernière et magnifique étape de la restauration du monument, la pose en direct devant des milliers de personnes de l’imposante coupole en cuivre, surmontée de sa statue d’or éclatant.

Et c’est ce qui me frappe le plus en avançant tant bien que mal dans la foule amassée et compacte. C’est cette ferveur tranquille, silencieuse, religieuse même, qui la réunit pour ce moment symbolique, qui doit marquer pour eux le retour aux fastes de l’ancienne Dresden, celle d’avant le mur de la honte et du rideau de fer. Un photographe capte sans mal l’attitude de ces gens statiques, encore dans l’attente du moment lui-même, alors qu’une pluie légère commence à tomber. Je n’ai pas besoin de l’image pour garder en moi cette impression si nette, car elle n’existe plus dans les pays que je connais. A vrai dire, je ne pensais pas la trouver encore, même ici, quinze ans après la chute du mur.

Le train que j’ai maintenant pris et qui m’emmène vers l’aéroport emprunte un parcours circulaire autour du centre ville. C’est depuis ce point de vue privilégié que m’est révélé l’église enfin achevée. Sur un pont au dessus de l’Elbe se dégage le meilleur cadre qui soit de l’évènement, et je regrette presque de ne pas être un des habitants de la ville, pour pouvoir connaître l’émotion de cette journée historique que je croisais par hasard.

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